Chapitre 1 : Azphel

------Azphel avait passé sa matinée à réfléchir, pensé, tourné ses idées dans sa tête pour coucher sur une feuille de papier ses plus belles idées. Cet alignement de mots que donnerait-il ? Un poème, deux peut-être, ou simplement un entassement d'idées qui ressortiraient quelques mois plus tard, après que la feuille se soit perdue dans sa chambre. " Je revois sans cesse ton visage... Sur la pleine lune couchante... Je vois ton sourire en mirage... Je t'imagine encore aimante ..." Les mots s'écrivaient en silence sur le morceau de papier, il n'y jetait pas le moindre coup d'œil, sa main savait ce qu'elle avait à faire. Lui marchait droit dans les hautes herbes sèches d'une plaine aride située à plusieurs kilomètres de l'épaisse forêt qui l'avait vu grandir. Quand il était seul avec ses pensées, ses idées, il se plaisait à se balader, à se laisser guider par ses pas et son inconscience.

Ce n'était pas la première fois qu'il se retrouvait dans cette plaine, il la connaissait même très bien, il savait ce qu'il y avait derrière, ce que lui cachait l'horizon. Il écrasa son crayon et sa feuille dans sa main droite et prit dans sa main gauche un petit couteau qu'il s'amusa machinalement à faire tourner dans sa main. Son regard, toujours absent de ses mouvements, dévisageait la faune et la flore, épiait le moindre signe de présence. De nature, Azphel était très observateur, il regardait partout, mais pas en s'y attardant il n'avait pas besoin de rester trois heures sur une chose pour s'en rappeler la forme ou la couleur. Il était aux aguets de nature et nourrissait son imagination de tout ce qu'il pouvait voir ou entendre autour de lui.

------Il n'avait pas peur des hautes herbes, bien que ce ne fut pas toujours le cas. Plus jeune, les plaines étaient une limite à ne pas franchir, comme un rempart. Puis lorsqu'il commença à apprendre à se battre avec son meilleur ami, il prit une plus grande confiance en lui et l'endroit où il s'était interdit d'aller plus jeune était rapidement devenu un nouveau terrain d'entraînement et d'inspiration pour Azphel. Il marcha pensivement jusqu'à sortir de cette zone pour arriver à une dune couverte de verdure. Il la gravit avec aisance à s'assit à son sommet, contemplant le ciel bleu qui le surplombait. Il resta là, au calme, à continuer de chercher mots après mots des idées, avec pour témoin la nature sauvage environnante. Il se laissa aller à un moment de détente des plus appréciables. Laissant sur la terre sa feuille, sa plume et son couteau ; les mains croisées derrière la tête, il s'allongea sur le dos face au soleil et se mit à rêver de l'espace et des planètes qui existaient au-delà des nuages qui se promenaient au-dessus de lui...

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Azphel se promenait, avec dans la tête de bien jolis vers, en effet, le jeune homme couchait sur du papier ce qui lui passait par l'esprit, autant dire qu'il maniait les mots comme personne, et avec une agilité déconcertante. Le poète continuait de marcher, silencieusement, en écoutant presque religieusement son environnement, en observant le paysage pour le moins idyllique. C'était assez paradisiaque dans le sens où l'homme n'avait pas touché à cet endroit, peut être parce qu'il ne l'avait pas trouvé très utile sur le moment...Mais finalement, pour l'esprit il l'était, du moins pour Azphel qui y trouvait son compte, la plénitude était ce qui en ressortait le plus. Il connaissait cet endroit comme sa poche, il fallait dire qu'il était d'ici, et il s'était souvent réfugié dans ce genre d'endroit. Azphel était un fin observateur, mais cela n'avait rien d'étonnant, sa prose n'avait d'égal que son regard, oui un regard particulier, il permettait de sublimer tout ce qui l'entourait. C'était bien pour ça que ses mots restaient uniques entre tous. Finalement, le jeune homme se décida à monter sur cette dune verdoyante, c'était un endroit où il pouvait tout voir ou presque...Il s'allongea pour pouvoir contempler le ciel, il pouvait y voir plus que ses couleurs, oui ses yeux pourfendaient le ciel pour en arriver à l'espace et ses nombreuses habitantes, les planètes. Lui n'ayant connu qu'Onderon, cela ne pouvait que le faire rêver, c'était certain. Azphel finit par sortir de ses pensées, oui en effet, quelque chose finit par le chiffonner, ayant l'habitude d'être seul par ici, il n'y avait pas fait attention...Mais plus en contre bas, il avait vu une forme. Sur le coup, difficile de définir ce que c'était, mais en se redressant, le jeune homme put découvrir avec étonnement qu'il y avait une jeune femme, celle-ci avait un long calepin avec elle, elle semblait dessiner mais ce n'était pas très conventionnel, du moins de loin, cela ressemblait à des craies de couleurs différentes. Et puis...Celle-ci avait une particularité et non pas moins négligeable, elle avait les cheveux et bien...Couleur verdure! Une couleur assez atypique mais pas forcement désagréable à regarder. Azphel ne l'avait jamais vu par ici, peut être aussi qu'il n'était pas venu aux bonnes heures...

------Une myriade de pensées bouleversèrent Azphel. Un enchantement onirique d'images spatiales, de planètes aux couleurs variées qui seraient chacune une nouvelle étape de sa vie, une nouvelle source d'inspiration pour lui. Une à une il les explorerait, il y poserait bagage et il y ferait une partie de sa vie. En dessins ou en poèmes, il s'adapterait aux populations locales et leur ferait découvrir ses talents de compteur et sa maîtrise du crayon. Dans la galaxie, les étoiles un jour, murmureraient son prénom.... Il sourit à cette belle pensée, toujours allongé à même le sol, les yeux fermés, profitant d'un soleil estival et d'une légère brise de vent qui caressait son visage. De planètes en planètes il exposerait et deviendrait un des plus grands noms artistique, c'était son rêve au fond de lui, vivre de ce qu'il savait faire de mieux. Mais avant cela il y aurait des étapes bien difficiles à franchir, il n'était pas vraiment au point niveau pilotage et ne connaissait de l'espace que sa grandeur en réputation. Pire encore, avant de piloter il fallait déjà avoir un vaisseau à disposition et ce n'était pas les quelques crédits qu'il avait en poche qui suffiraient à lui en procurer un. Mais il était las de vivre sur Ondéron, de n'avoir jamais eu pour seul habitat que cette planète. L'univers galactique l'attendait et il s'impatientait d'aller le rejoindre...

Il poussa un soupir, mélange d'exaspération et d'amertume...

Akahn... Son mentor, enfin c'est ainsi qu'il voyait l'homme qui l'initiait depuis une dizaine d'années maintenant au combat, à la confiance en soi, la volonté, la force et le courage et au maniement des lames ; même s'il n'en possédait pas une personnellement. Cela faisait une semaine jour pour jour qu'il ne l'avait plus vu. L'homme traînait dans tous les villages sur des kilomètres à la ronde faisant on ne sait quoi, il ne s'était jamais justifié d'un travail quelconque auprès d'Azphel. Il le revoyait pour s'entraîner quand Akahn le décidait et même si cette relation paraissait froide de prime abord, il s'en était parfaitement accommodé. Akahn avait su tolérer les échecs d'Azphel, ses moments de faiblesse, son insolence et son ignorance, pour faire de lui un homme meilleur, bon de nature, mais qui pouvait désormais cacher une véritable force... Izal sa mère, avait pendant longtemps ignoré l'existence d'Akahn. Son fils chérit si habile dans les arts n'aurait jamais mérité de se retrouver à endurer l'apprentissage des combats. Mais il avait fini par lui avouer, quand il comprit qu'il avait aussi de bonnes prédispositions pour ça. A dire vrai, Azphel était polyvalent dans tout ce qui pouvait exister - hormis la mécanique peut-être, où il valait mieux qu'il ne touche à rien si on voulait être sûr que l'appareil soit en état de décoller.

------Il avait une facilité à tout apprendre et aussi étonnant que cela puisse paraître, il était passé de la prose à la lame avec cette aisance. Il ne se l'expliquait pas, il n'essayait même pas d'ailleurs ; il était comme ça, un point c'est tout. Sa mère n'aurait pas du tout été prompt à le laisser se battre, mais avec l'assurance et l'insolence d'un adolescent, il ne lui avait pas vraiment laissé le choix à l'époque. Elle avait fini par l'accepter bien évidemment, mais elle devait être très loin de se douter que derrière le poète qu'elle vénérait, un jeune homme avec une facette plus ténébreuse était né... Encore une fourmilière de problèmes supplémentaires dans son esprit. Tout se passait bien sur Ondéron pour lui, il n'avait jamais eu à se battre et passait son temps à éviter les problèmes. Serait-ce aussi facile ailleurs dans la galaxie ? Et que penserait Akahn quand il lui avouerai une fois son vaisseau obtenu qu'il quitterait la planète pour faire découvrir ses talents dans l'univers. Accepterait-il de le voir partir pour ses talents de dessinateur, lui qui voyait en l'aisance qu'Azphel avait à manier les armes blanches un art dont-il devait se servir également... Celui qui avait été comme un père pour lui pendant les dix dernières années ne comprendrait sûrement pas, non... Il avait formé Azphel pendant tout ce temps en prétextant que n'importe quel homme devait savoir se battre en ces temps et qu'il viendrait inéluctablement un jour où le combat se présenterait à lui... Mais Azphel avait jouit autant que possible de sa vie d'artiste et de sa petite existence pleine de bons plaisirs... Il aimait se battre, s'exercer, mais jamais le combat ne s'était imposé à lui comme une réalité... une partie de lui espérait que cela reste ainsi...

Un chant d'oiseau retentit dans le ciel et sortit Azphel de la brume de ses songes. Il cligna plusieurs fois et plissa les yeux sous le soleil aveuglant qui illuminait la plaine. Il porta une main à ses yeux pour y voir avec plus de clarté avant de s'étirer et de diriger son regard vers les herbes hautes. Une forme inhabituelle se détacha dans la plaine, quelque chose qui l'attira immédiatement. Il se releva rapidement pour faire face à cette forme qui se révéla être, étrangement pour lui qui ne l'avait pas remarqué ; une femme. C'était la première fois qu'il croisait quelqu'un ici, hormis Akahn et son meilleur ami bien sûr. Intrigué, il resta un moment debout à la fixer et à attendre qu'elle ne bouge. Mais elle resta au même endroit, au milieu de l'herbe. A bien y regarder, elle tenait un calepin ou un bloc de feuilles dans les mains et devait sûrement être en train d'écrire... ou de dessiner. Il ramassa sa feuille et sa plume qu'il fourra dans son pantalon, récupéra son couteau qu'il rangea dans sa poche gauche en gardant la main dessus. La femme qui se tenait quelques mètres en contrebas était différente des autres, les cheveux d'un vert de prairie ! Certainement pas une humaine ou alors elle avait des goûts bien étrange... Il redescendit prudemment de la colline, pour se diriger vers elle.

------Elle était plutôt jeune et belle et ne paraissait pas accorder plus d'importance que ça à Azphel, du moins elle ne s'inquiétait pas de son arrivée. Elle ne pouvait donc pas être hostile... Au pire devrait-il faire face à quelques crayons hargneux ? En s'approchant il remarqua qu'elle utilisait des pastels de couleurs différentes, sûrement représentait-elle le paysage. Ce serait un sacré hasard si aujourd'hui il venait à rencontrer une autre artiste comme lui dans cette plaine, mais peut-être feraient-ils connaissance et s'échangeraient leurs idées par la suite. Arrivant à sa hauteur elle lui adressa un regard presque indifférent avant de se replonger sur son calepin, visiblement dans son petit monde bien à elle... Une penseuse certainement, comme l'étaient les artistes en général, du moins ceux pleinement concentrés dans leur travail. Toujours étonné par cette rencontre hasardeuse dans les plaines et aussi légèrement surpris par l'attitude étonnante de la jeune femme, Azphel prit les devants et engagea la conversation :

- Bonjour, une bien belle journée pour sortir aujourd'hui ! Qu'est-ce que vous dessinez ? Lui demanda-t-il.

Question assez idiote, il aurait pu se pencher simplement sur son dessin, mais dès lors il n'aurait pas entamé la conversation avec elle...

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Perdu dans ses pensées Azphel se remémorait certains rêves...Certains souvenirs. Son rêve le plus cher ? Traverser l'espace, et ses habitantes, poser pied sur l'une d'elle et se faire connaître, faire connaître son art. N'était ce pas un beau rêve ? Un rêve plein de féerie, peut être parce que la poésie était un art délicat mais qui n'était pas toujours intéressé de tout le monde. Mais Azphel souriait rien qu'à cette idée, parce qu'un rêve quoi qu'il en soit, nous poussait à toujours être meilleur et dans un sens c'était ce qu'il voulait, que le rêve devienne réalité. Parfois avec des efforts, et beaucoup de détermination, on arrivait au bout. La brise invisible et les rayons solaires caressaient le visage du poète, c'était un moment au calme, qui lui permettait de réfléchir...Pas forcement à ses talents de pilotage, en effet, s'il était doué pour manipuler les mots, il n'était pas forcement apte à piloter un vaisseau, peut être qu'il serait meilleure dans une décharge que dans un garage, à voir! Dans tous les cas, Azphel désirait prendre le large, s'il n'avait pas beaucoup de crédit, cela pouvait s'arranger, il pourrait vendre ses dessins ou ses poèmes, à vrai dire avec son art il avait de quoi faire, il lui faudrait juste trouver quelque chose d'accrocheur! Ses rêves étaient à sa portée, encore que pour le moment, il pensait surtout à Akahn, son mentor. Encore que c'était non pas son mentor de lettres, mais d'armes. Autant dire que pour un bohème comme Azphel, on ne se doutait pas qu'il savait manié autre que la plume, pas qu'il semblait sans défense, mais plutôt que c'était une idée toute faite...Comme quoi les stéréotypes avaient la vie dure. Dans tous les cas, son mentor lui avait beaucoup appris, plus que le maniement des armes, il lui avait donné tout autant un régime de vie, ce qui en soit n'était pas rien quand on considérait qu'il l'avait mené jusqu'à maintenant du bon côté de la barrière. Azphel était un jeune homme qui avait dans tous les cas, une sacrée ressource, il appréhendait quelque peu la réaction de son mentor quant à son départ mais il fallait parfois laisser l'oiseau sortir du nid. D'ailleurs en parlant d'oiseau, Azphel fut attiré par le chant de l'un d'eux, oui il fut sorti de ses songes, encore que ce n'était pas trop violent. En s'approchant, Azphel put voir que la jeune femme lui accorda à peine un regard...Et quel regard! Un regard d'un beau vert d'ailleurs, un vert émeraude mais pas forcement très prononcé, non mais son maquillage était lui plus extravagant, le poète avait raison, les artistes étaient parfois à eux seuls des êtres pour le moins unique. La jeune femme finit par répondre à Azphel, sa voix était douce presque cristalline, mais elle lui avait répondu d'une façon lointaine sans poser un regard sur lui.

- Le paysage.

C'était une réponse courte, mais en effet, il s'agissait d'un paysage, après elle ne retranscrivait pas vraiment ce qu'elle voyait, c'était tout de même différent, mais comme quoi ce qu'elle voyait avec ses yeux n'étaient pas ce que ses mains dessinaient. C'était peut être une vision différente de la réalité. En y regardant de plus près Azphel découvrit celui-ci:

------La jeune femme était, plus qu'il ne l'avait pensé de loin, d'une beauté éblouissante. Relativement jeune - approximativement son âge - elle attirait tout de suite l'attention. Mais pas avec du vulgaire, c'était plutôt ses choix de couleurs qui faisaient sa particularité. Ses longs cheveux verts étaient lisses et soyeux, mais tout aussi beau était son regard. Des yeux émeraude, insolents de splendeur et un maquillage adéquat qui finissait de sublimer son regard... Un ange vert, c'est ainsi qu'il l'appela intérieurement. Elle lui répondit avec l'air détaché qu'elle avait, seule au milieu de cette plaine, comme surgit d'un rêve "Le paysage". Une voix douce, émouvante, mais un réel détachement de la réalité, s'en était troublant. Azphel aurait tout aussi bien pu continuer son chemin après cette réponse qu'elle ne s'en serait probablement pas soucié plus que ça. Mais il avait été charmé par l'attirance de son regard et son envoûtante beauté. Il passa derrière elle pour se pencher plus en avant sur le paysage qu'elle dessinait. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il découvrit une admirable fresque de couleurs, un paysage haut en saveurs et en détails... Impressionnant, lui n'aurait certainement pas fait mieux avec ses mains...

Le plus étrange dans tout cela, c'était que même immobile au milieu de ce champs d'herbes, elle ne dépeignait pas ce qui se trouvait face à elle. Elle était peut-être dans une sorte de transe artistique.. Il avait beau regarder autour de lui, si ce n'était quelques petites collines, des plaines et arbres à perte de vue sous un beau ciel bleu ; il n'y avait strictement rien qui correspondait avec l'œuvre qu'elle dessinait. Il resta un instant immobile à ses côtés, à observer son coup de crayon et ses gestes précis qui caressaient tendrement la feuille de son calepin. Elle se débrouillait bien, très bien même ! Ouahou. La journée était bizarre... Il n'avait jamais croisé personne ici et il tombait pour la première fois nez-à-nez avec une jeune femme qui avait une attirance prononcée pour le vert en plus d'avoir un talent supérieur au sien ! Bon, il n'avait rien contre les goûts de la demoi... femme ?? Il trouvait juste que la situation avait un arrière goût d'étrange, mais aussi de fascinant, enfin c'était elle qui avait ce côté-là.

- C'est vraiment magnifique ce que vous faites ! S'exclama-t-il lorsqu'elle leva ses crayons quelques instants. Vous avez une imagination impressionnante, en plus de votre adresse ! Et je sais de quoi je parle, je suis dessinateur moi aussi, enfin je me contente du noir et blanc en général, avoua-t-il. J'ai plus de facilité avec la poésie, mais vous.. vous avez un talent c'est certain ! Vous devriez faire connaître vos œuvres.

------A ces mots, l'idée soudaine lui vint que lui aussi, il pourrait essayer de réaliser des œuvres pour des particuliers, moyennant finances... Elle resta dans un coin de sa tête, à mettre en projet au cas où il viendrait à dépendre économiquement de ses créations. Son attention se reporta sur la jeune femme aux goûts atypiques. Derrière cette image pétillante de la nature se cachait une artiste odieusement douée ! Il sortit de sa poche les feuilles sur lesquelles il griffonnait ses idées en pagaille et sa plume. La jeune femme aux cheveux verts, assise au milieu du champ à esquisser un tableau venu d'un autre temps pouvait l'inspirer lui aussi.. Sans rien demander ni attendre grande discussion de sa part, il resta à côté d'elle, cherchant lui aussi à trouver l'inspiration dans un paysage fictif...

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Azphel semblait particulièrement sous le charme, en cette femme, il voyait un ange...Un ange vert, c'était la première fois qui lui était venu à l'esprit. Elle avait les traits fins, un regard particulièrement doux, peut être un peu rêveur, et une couleur de cheveux plutôt particulière, encore que cela faisait plus naturel qu'il n'y paraissait. La jeune femme semblait avoir dans les âges d'Azphel, peut être un peu plus vieille, mais pas forcement beaucoup plus. Il y avait un réel détachement chez elle, oui quelque chose qui la rendait peut être distante, mais cela ne voulait pas dire qu'elle n'observait rien, au contraire, ça pouvait montrer une curiosité particulière. Azphel semblait totalement envoûté, il fallait dire qu'elle dégageait une certaine douceur à elle toute seule, en se penchant pour voir ce qu'elle dessinait, il vit une myriade de couleurs, un océan qui irait presque se mélanger au ciel...C'était un paysage qui se voulait représentatif de ce qu'on voyait, mais au final, il n'en était rien. La réalité était peut être différente de ce que chacun voyait. La jeune femme avait un certain talent, les couleurs se mélangeaient avec dextérité, le travail n'était en rien grossier, à croire qu'elle voyait vraiment ceci et non ce qu'Azphel voyait. C'était une rencontre pour le moins atypique, mais comme quoi les meilleurs rencontres n'étaient pas toujours celles qu'on attendait. Bien que l'on pourrait croire qu'elle ne lui répondrait pas, l'ange vert ouvrit de nouveau la bouche pour lui parler.

- La beauté reste subjective. Qui parle d'imagination ? Les yeux sont aveugles, c'est avec le coeur que l'on devrait voir. Pourquoi n'y aurait il pas au loin une plage de sable blanc, une eau de couleur saphir...

Et bien oui pourquoi n 'en aurait il pas ? Parce qu'il n'y en avait pas ? Non ce n'était pas une réponse, dans un sens, elle lui parlait peut être du fait qu'un artiste dessinait forcement quelque chose qu'il voyait, ou qu'il avait vu...Ou quelque chose qui existait. C'était particulier, mais pas forcement faux. Faire connaître ses oeuvres, Azphel avait de la suite dans les idées, pourquoi pas après tout ? S'il trouvait de bons acheteurs il pourrait récupérer de l'argent, et peut être plus qu'il ne le croyait, après tout s'il voulait devenir célèbre un jour, il fallait bien commencer quelque part. Le poète finit par sortir de nouveau ses feuilles et sa plume, l'inspiration lui viendrait peut être...Un peu comme la brise qui s'élevait pour venir caresser leur visage respectif, Azphel se sentait en veine aujourd'hui, oui difficile de dire si c'était le doux parfum de la nature ou celui de la jeune femme qui s'apparentait à celui d'un petit bois...Ou si c'était ce temps magnifique qui s'offraient à eux, les mots se bousculaient dans l'esprit d'Azphel, peut être en ressortirait il quelques vers...

- Le noir et blanc a de l'élégance, mais cela reste trop sobre. La poésie, l'art de jouer avec les mots...L'inspiration reste capricieuse.

------Un monde utopique, une déferlante d'images acidulées, c'est ce que devait voir la jeune femme. Elle travaillait avec patience et légèreté sur son dessin, retranscrivant sa vision d'un paysage imaginaire. La beauté était subjective, oui il en avait conscience, mais en toute objectivité son œuvre était belle... La réflexion de la jeune femme était qu'une chose pouvait très bien être visualisée sans qu'elle ne soit matérialisée devant soit. En cela, Azphel était entièrement d'accord, un poème s'écrivait aussi facilement que ça. Ce n'était qu'une suite d'images dans l'imagination à laquelle on donne une interprétation par l'écrit. Mais il n'y a pas plus de présence de larmes hormis que dans son cœur... pas de limites aux rêves les plus fous, même pas assez de mots pour décrire les images que l'on voit ou exprimer les plus flamboyantes déclarations ! La main de l'artiste n'était que l'interprète de son imagination. La jeune femme aux cheveux verts maîtrisait parfaitement son sujet visiblement, tant son talent s'imposait sur son dessin. Elle-même, songea Azphel, était une œuvre à part entière. Elle aurait pu être une nymphe ou une quelconque créature imaginaire...

- Je suis d'accord avec vous. Cette image est née dans votre cœur, vos mains se chargent de la retranscrire. La poésie à ça de commun avec le dessin, notre cœur imagine tous les maux possibles et notre plume se laisse guider pour les retranscrire... J'ai déjà décrit de nombreux paysages de cette manière... et toutes sortes de choses. Le noir et le blanc, trop sobres ? Je pourrais rétorquer moi aussi que la sobriété est subjective. Le noir et le blanc vont de paire et s'associent pour créer une pléthore de gris et de nuances, qui a elles seules définissent les ombres, les contours, les traits d'un visage... Si je vous montrais mes dessins, peut-être changeriez-vous d'avis ?

- L'inspiration reste effectivement capricieuse pour les mots, elle n'en est pas moins riche et plus vairée encore que votre palette de crayons, si belle soit-elle. Arriveriez vous à force d'imagination et de traits choyés à représenter des peines, des douleurs, la souffrance de la perte d'un être cher ? J'ose croire que mon art, quelque part, complémente le votre. J'ai du mal à vous comprendre ! Vous déclarez pouvoir porter sur papier les représentations de votre imagination, mais vous restez fermée à la transcription des mots, même capricieux je vous l'accorde.

------La conversation semblait n'aller que dans le sens de la jeune femme et il regrettait un peu de n'avoir que répondu à ses dires, il ne ferait pas avancer la conversation. Elle avait conscience de son talent et sa façon de l'exprimer, mais restait visiblement insensible aux charmes de la poésie. Azphel aurait sans doute pu lui écrire quelques mots même mal employés, mais il doutait que la dessinatrice lunatique ne s'y intéresse avec suffisamment de sérieux... Il s'assit à côté d'elle, tantôt la dévisageant ou en la regardant peaufiner son dessin. Lui gribouillait sur sa feuille quelques idées qui lui étaient venues en tête, le dessin d'un paysage similaire à celui que la jeune femme venait de reproduire, ainsi que quelques mots qui s'emboîtèrent à la suite des précédents. Le temps était suspendu dans la plaine, un silence planait dans l'air. Seul la douce caresse du vent sur les feuilles des arbres manifestait sa présence ou quelques oiseaux qui passaient de temps à autres. Un calme propice à la réflexion... Il s'attacha à ne pas le rompre et à laisser en paix les pensées de la jeune femme qui dégageait un parfum boisé, en osmose avec celui de la nature environnante.

- J'y pense, l'interrompit tout de même Azphel après de longues minutes de silence. Ce paysage, là que vous venez de dessiner. Que symbolise-t-il pour vous ? C'est un endroit que vous connaissez, qui vous est cher ? Avez-vous déjà vendu une de vos œuvres ? Reprit-il après un instant à repensant à son idée.

Avec de la chance, elle saurait le conseiller sur l'endroit où il pourrait se rendre pour cela, il n'avait rien à perdre à demander.

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La patience apportait tout, du moins certainement que la jeune femme n'aimait pas se presser, courir dans un sentier nous éloignait de tout ce que l'on pouvait trouver en chemin, autant dire qu'on était plus vite arrivé mais pas forcement plus content du résultat. Azphel avait raison, l'artiste restait un interprète, il retranscrivait ce qu'il voyait, ce qu'il ressentait...Ce qu'il pensait. On ne pouvait jamais avec certitude ni perfection reproduire ce qui était, pourquoi ? Parce que comme l'avait fait remarquer l'ange vert, c'est qu'il n'y avait pas de réelle objectivité, on jugeait les choses par rapport à notre ressentis, par rapport à du vécu...C'était sans doute là, la force des oeuvres qu'elles soient écrites ou dessinées. Il n'y avait aucune limite dans le monde de l'imaginaire...Si ce n'est sa propre imagination, et sans oublier l'inspiration... Effectivement, la jeune femme semblait maîtriser le sujet, et Azphel semblait déjà séduit par cette idée, encore qu'il semblait attiré que par ça. Il voyait celle-ci comme un être mystique voire magique...Si celle-ci ne semblait pas prêter attention à ce que disait Azphel dans le contexte ce n'était pas forcement vrai. D'ailleurs, elle répondit comme auparavant, d'un ton lointain, mais tout de même en accord avec ce qu'il avait pu dire. Si Azphel pensait qu'elle était en reste sur la poésie, ce n'était peut être pas plus vrai au final. D'ailleurs, elle esquissa un léger sourire à l'énonciation du noir et blanc, oui en parlant de subjectivité, finalement, il lui avait retourné les choses si on pouvait dire.

- Vous avez raison, c'est subjectif. Les couleurs permettent à mon sens de donner plus d'émotions, sans doute que le noir me semble trop triste. Peut être que mon avis serait différent, peut être pas. Il n'y a pas besoin de noir, ou de gris pour représenter la tristesse, la peine. L'automne se décline en rouge, orange, marron...C'est pourtant une belle saison mais qui reste si triste au vue de son temps. Tout dépend de la façon dont on utilise ses outils, et tout dépend ce que l'on veut faire ressortir. Qui a dit que j'étais insensible à la poésie, comme vous l'avez dis ces deux arts se complètent.

La jeune femme eut pendant quelques secondes une sorte d'étincelle dans les yeux, oui peut être une sorte de malice. Finalement Azphel n'était pas le seul à intervenir, la jeune femme lui avait répondu et lui qui pensait que la poésie n'était pas pour elle, finalement cela ne semblait pas le cas, encore qu'elle n'en dévoilait pas plus que ça. Un être assez mystérieux, mais qui encore laissait entrevoir un peu de sa personne. Azphel recommença à griffonner par ci par là quelques mots qui lui venaient à l'esprit, mais pour le moment l'inspiration ne lui était pas forcement favorable. L'ange vert mit quelques minutes avant de répondre au poète, autant dire qu'on aurait pu croire qu'elle ne répondrait pas.

- Sans doute seul mon inconscient sait ce qu'il symbolise. La jeune femme retourna la tête vers Azphel, avant de lui répondre. Chaque oeuvre est unique, elle n'a pas de prix. Mais si vous voulez, il suffit d'aller dans les quartiers riches, certainement que certains sont friands de portrait...Il y a toujours moyen de créer de la poésie pour quelqu'un.

La jeune femme faisait allusion qu'il pouvait être payer pour écrire un poème qu'on lui demanderait pour quelqu'un d'autres. Ce serait personnalisé dans le sens où celui qui ne savait écrire pouvait dire ce qu'il voulait. Cela pouvait être étrange mais c'était déjà ça de pris, elle lui avait donné un bout de réponse.

------Elle n'était pas seulement belle, douée, irréelle. Non la jeune dame de la nature - c'est maintenant ainsi qu'il la nommait - était une pensée, un ordre d'idées. Une personne de douceur évidente, probablement tolérante et ouverte au monde qui l'entourait, aux échos de la nature et aux chants du temps qui parlaient aux poètes et aux artistes en général. Elle semblait être en communion avec le monde qui l'entourait, en symbiose avec toutes formes de vie... Azphel comprenait ça, même si lui était en quelques sortes moins ouvert, plus terre-à-terre... Il se demanda si l'attirance qu'elle avait pour le vert venait de cette homogénéité qu'elle avait avec la faune et la flore environnante. Quoi qu'il en soit, elle le fascinait, par toute cette étrangeté inhabituelle qui se dégageait d'elle, son contact avec les éléments autour d'elle et sa beauté qui derrière tous ces aspects ressortaient nettement. Clairement qu'Azphel ne pourrait prétendre séduire une jeune femme comme elle avec les arguments peu convaincants qu'il utilisait d'ordinaire pour combler un soir de solitude... Mais même sans cette intention en tête, il devait bien reconnaître qu'il n'était pas indifférent à ses charmes... Ou alors c'était ses talents de dessinatrice qui faisaient qu'il se sentait proche d'elle.

- Je ne pensais pas que vous aimiez la poésie... j'ai juste mal interprété vos propos... Je vous ai peut-être jugé un peu trop hâtivement et je m'en excuse.

------La flamme qui avait brillé dans les yeux de la jeune femme en parlant de poésie était révélatrice. Une étincelle de passionné, elle devait elle aussi pratiquer ce merveilleux art... Il aurait aimé se confondre en excuse pour sa bêtise, mais l'ange vert était repartit déjà sur son œuvre. Elle laissa ses phrases en suspend au profit de son dessin, il l'avait peut-être froissée après tout ? Légèrement déçu de lui, il recommença à gribouiller quelques mots sur ses propres feuilles, en en rayant plus qu'il n'en ajoutait. Dès qu'il était frustré dans ses pensées ou qu'il s'en voulait, son inspiration partait dans des troubles brumeux et il devenait de plus en plus difficile pour lui d'écrire des choses censées... Finalement la dame de la nature lui répondit, après le passage d'un long silence dans la plaine. Elle lui révéla ce qu'il savait déjà en partie, qu'une œuvre n'avait pas de réelle valeur, c'était vrai... Mais s'il souhaitait tout de même vendre ses talents, qu'il pourrait se rendre dans les quartiers riches de la ville... Il médita sur la question et se mit en tête de se rendre à la ville par lui-même pour voir ce qu'il y trouverait, mais il ne souhaitait pas non plus partir comme ça. Il ne connaissait rien de la jeune femme et pourtant, elle devait avoir plus d'un point commun avec lui..

- Je vous remercie, pour l'information, c'est gentil... Et vous... que faites-vous dans votre vie, la questionna-t-il. Moi qui aimerait vivre de mes passions je pourrais peut-être avoir un bon exemple ? Demanda-t-il timidement. Vous vivez dans le coin depuis longtemps ? ...

Il espéra intérieurement que la femme qui était à moitié muette par moment n'oublierait pas de lui répondre...

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Azphel avait raison, la dame de la nature était quelqu'un de très ouvert à ce qui l'entourait, peut être parce qu'elle était proche de tout ce qui ne touchait pas à l'être humain. Celle-ci semblait être dans son environnement, elle ne devait pas être du genre à habiter dans la ville, sans doute trouverait elle ça trop humain ou trop mécanique, au choix. Azphel était peut être plus dans la réalité que l'ange vert, encore qu'il pouvait croire à tout ce qu'elle lui disait même si ce n'était qu'imaginaire. Le vert, n'était peut être pour elle qu'une couleur d'emprunt, pour être plus en accord avec ce que les entourait, sans doute qu'il y avait un peu de ça, dans tous les cas, elle ne semblait pas gêner de son apparence! Peut être même se fichait elle de ce qu'on pensait d'elle, dans un sens, c'était même mieux. Séduire la dame de la nature ? C'était sans doute possible, mais elle n'était certainement pas le genre à combler un soir de solitude, non c'était sans doute une relation plus sur la continuité qu'autre chose. Ou alors elle était plus volage que ça, mais certainement n'était ce pas le cas. Celle-ci finit par faire un petit sourire tout en regardant l'horizon.

- Il n'y a point besoin d'excuse quand il n'y a pas d'offense. Notre ignorance commune peut mal interpréter les choses.

Oui voilà tout, donc le problème n'était pas forcement là, et comme quoi oui cela voulait sans doute dire qu'elle s'en fichait un peu qu'on la juge tant qu'on ne disait pas trop de bêtise finalement. Certainement que la dame nature savait manier la poésie peut être pas aussi bien que le dessin, mais il y avait du coeur, et quand il y en avait, les mots n'avaient pas de prix. Si Azphel avait froissé la jeune femme, et bien il fallait chercher quoi, sans doute donc que ce n'était pas le cas au final. Dans tous les cas, le poète continua de griffonner ici et là sur sa feuille avant de reposer quelques questions à l'ange vert, celle-ci ne mit pas longtemps à lui répondre comme quoi, cela ne voulait rien dire au final!

- Je ne fais rien, je passe mon temps dans la forêt, à dessiner...Je ne peux que vous souhaiter réussite dans votre recherche bien que ce monde ne soit plus aussi friand de tout ceci. J'habite dans la forêt depuis toujours.

------Sa rencontre avec un ange vert dans la plaine. Longtemps Azphel s'en souviendrait tant il n'avait connu pareille trouble auparavant. Trouble de la beauté, de la douceur, du charme et de la perception artistique... Auquel il n'avait aucun nom à donner. Un nom, il ne s'était même pas présenté à elle alors que cette rencontre était aussi inattendue qu'espérée. Rencontre d'une artiste alors qu'il se considérait lui aussi comme tel était une aubaine pour lui, mais même pas ils n'avaient échangé leurs noms.. pas encore. Ce serait dommage d'en rester à quelques avis sur l'art et de ne pas chercher à connaître qui elle était ni ses origines. Il continua à griffonner pensivement sur ses feuilles, au final, quelques mots s'étaient assemblés laborieusement, rien de flamboyant, mais un petit texte sur les guerres qui ravageaient le monde.. Il se ferait un plaisir de le lire à la dame de la nature. Elle lui expliqua qu'elle avait toujours vécu dans la forêt avant de lui souhaiter bonne chance avec ses œuvres, sachant qu'il n'était plus aussi évident de trouver d'éventuels acquéreurs. Lui aussi avait passé sa vie en bordure de forêt, même s'il ne partageait pas la même communion avec la nature autour de lui que l'ange vert.

- Je m'appelle Azphel, se présenta-t-il, quoiqu'un peut tardivement. Je suis content de vous avoir rencontré, c'est assez rare de croiser par ici des amoureux des arts. J'aimerais bien vous revoir, si vous me le permettez ; aussi apprendre là où je pourrais vous retrouver me serais-très utile, si un jour je repasse dans le coin. Finalement... dit-il après silence, j'ai réussi à griffonner quelques mots sur mes feuilles, enfin qui ont un minimum de sens. Je voudrais vous les lire si vous me le permettez ?

Il attendit quelques instants avant de réciter :

" Une averse d'armes déferle sur le monde
Dans des guerres de pensées et d'idéaux,
Qui imposent le rythme à chaque seconde,
Balayant les rêves d'un monde plus beau.

Une pluie d'étoiles vient inonder la galaxie,
C'est le monde triste qui déverse ses larmes,
Dans des chants d'espoir derrière les cris,
Pour que les hommes déposent les armes.

Mais la haine règne bien sur les planètes,
Les forces s'affrontent, méprisant la paix,
Seules les perles du ciel peuvent peut-être,
Dissiper les ténèbres des guerres étoilées.

La force assombrit les cœurs et les âmes,
Dans l'ombre doit alors surgir une étincelle,
La flamme d'une humanité qui condamne,
La répression et les torts que subit le ciel. "

------Deux artiste s'étaient rencontrés aujourd'hui et il en était heureux. Il espérait qu'un jour, il reverrait la dame de la nature. Mais pour le moment, Azphel aspirait à vivre libre, dans de lointains horizons. Il était proche de l'ange vert, mais son cœur était loin de cette planète qu'il désirait quitté plus que tout. Le lointain, l'espace, sa grandeur, ses planètes, il avait tant à découvrir et à apprendre ailleurs qu'une année de plus sur Ondéron sans en partir serait une éternité pour lui. Il espérait que la Dame lui donnerait quelques informations sur elle, un moyen de la retrouver lorsqu'il repasserait sur la planète. Peut-être auraient-ils alors des choses à partager, des histoires à se raconter de ses périples dans l'espace. Du moins c'était là tout l'avenir qu'il se souhaitait sur le moment, l'espace lui, en déciderait peut-être tout autrement...

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Azphel mettait dans un coin de sa mémoire cette rencontre...Mémorable, il fallait dire que l'ange vert avait de quoi surprendre sur tout un tas de point. Il était troublé pour plusieurs raisons, d'une sur un point plus physique...Oui c'était une belle jeune femme et elle ne le laissait finalement pas indifférent, loin de là, et de l'autre, elle avait un talent qui le laissait pantois. Comme quoi, le physique et la personnalité de la dame de la nature se liaient dans l'esprit du poète...D'ailleurs, il avait appris à la connaître sur certains points, bien avant de savoir son nom, et oui, celui-ci ne lui avait même pas demander, et elle n'avait pas forcement pris le soin de se présenter non plus du coup! Cependant, il y avait un côté magique dans cette rencontre, parce qu'en effet Azphel avait rencontré une artiste comme lui...Une artiste qui avait du goût et qui avait un sens aigu de ce qui se passait autour d'elle. Finalement Azphel avait continué à écrire, oui il avait finalement élaboré un petit texte, sur la violence de l'être humain, si l'on pouvait dire, il se disait pouvoir le lire à l'ange vert, et dans un sens ça pouvait peut être lui plaire. D'ailleurs, celle-ci tourna son regard émeraude sur lui, il semblait avoir retenu son attention, peut être était plus le poème qui l'avait tiré de son dessin, que la demande de se revoir. La dame de la nature semblait écouter avec une certaine curiosité et à la fois un détachement palpable, c'était peut être aussi sa manière d'être au fond. Il n'y avait que le bruit du vent pour accompagner les mots d'Azphel, et dans un sens, cela ne leur donnait peut être que plus de force. Après quelques secondes, celle-ci finit par souffler...

- Si criant de vérité.

"La guerre, est l'instrument de l'homme,
Chacun tombe pour retourner à la terre,
De son coeur la haine se déverse et sonne,
Le sang coule à flot de la force de ses serres.

A la vie, l'on en vient à la mort,
Les étoiles pleurent leur sort,
Tandis que l'homme se meurt,
Dans le vice de ses propres erreurs. "

La jeune femme venait de lui énoncer quelque chose qui lui était venu suite à cette lecture, et bien comme quoi, elle en avait à revendre. Ce n'était peut être pas aussi organisé que ce que venait d'écrire Azphel mais au final, elle lui énonçait ceci avec une certaine facilité même si les mots restaient plutôt impulsifs, sous le coup de l'émotion. Finalement, Azphel avait eu plus que sans doute la plus part des gens, pourquoi ? Peut être parce qu'il s'était intéressée à elle plus que quelques minutes et qu'il avait donné aussi de lui! La jeune femme finit par avouer son prénom:

- Madison...On me nomme Madison.

Et bien, comme quoi Azphel semblait avoir de la chance. Elle ne lui avait pas encore dit d'où elle venait mais sans doute que si elle lui disait ceci c'est qu'elle avait bien envie de le revoir, et que le moment avait été agréable tout autant pour elle. Il ne tenait qu'à Azphel de lui demander de venir se promener un peu plus loin que dans les plaines. Azphel aspirait à vivre au delà d'Onderon, qui restait à ses yeux sa planète d'attache, celle de son coeur...Mais celle-ci ne lui suffisait plus, non il avait besoin d'autre chose, et son esprit lui était ailleurs, à vrai dire, il voulait découvrir, l'espace et ses étoiles, peut être qu'il lui faudrait un peu de temps avant de pouvoir, mais qu'au fond, il arriverait à mener son désir à bien.

------Azphel était une personne rêveuse, certainement était-ce du à son esprit d'artiste et à ses sens à l'écoute du monde qui l'entourait ; même si de ce monde il ne connaissait que sa planète natale. C'est pour cela que ces dernières années il avait idéalisé sa vie avec un changement de cap qui serait peut-être propice à une "nouvelle" vie justement, qu'il désirait plus que tout. Vivre de l'art, dans l'absolu c'est ce qu'il aimerait. Après le pourrait-il réellement ? C'était bien difficile d'avoir la réponse à cette question, il ne savait plus vraiment par où commencer. L'idée que sa passion pour les arts se détache de lui un jour ou l'autre lui était impossible, mais intérieurement il savait très bien que sa vie pourrait un jour prendre un tout autre tournant que celui qu'il espérait... A dire vrai, il ne savait même déjà pas trop comment se débrouiller, comment démarrer son aventure dans la galaxie, lui qui connaissait tout ou presque de la beauté des arts, mais qui ignorait tout de la grandeur de l'espace et des ténèbres du monde. En contrepartie, ici il avait déjà connu les joies de l'amitié et de l'amour et là, alors que son désir de partir était à son paroxysme, il venait de rencontrer une personne qui derrière une nature distante était peut-être exactement comme lui... Il avait un moment hésité à tourner les talons et à rentrer chez lui, mais la jeune créatrice se révélait finalement plus bavarde qu'elle n'en avait l'air et moins ignorante des charmes de la poésie qu'il ne l'avait supposé plus tôt...

Elle lui répondit, avec facilité, par ses propres mots et sa voix doucereuse avant de se présenter à son tour. Azphel n'eut alors plus l'envie de quitter la plaine... ou la dame de la nature... Madison.. le prénom sonna à son oreille comme un succulent dessert que l'on aurait l'irrésistible envie de déguster... La discussion soudainement, autant que la rencontre, ne lui paraissait plus aussi fermée. Il ferait une grosse erreur s'il quittait la plaine alors qu'il venait d'y rencontrer une personne qui lui ressemblait en de nombreux points.

- C'est un vrai plaisir Madison, de pouvoir rencontrer quelqu'un pour qui les arts ne sont pas qu'un ensemble aussi complexe qu'inutile. Votre poésie est très belle également...
Vous restez ici encore longtemps ? Ou accepteriez-vous de vous promener, marcher dans la plaine pour discuter... ou... se rendre à la ville, manger un morceau... peu m'importe à vrai dire. Il est tellement rare de croiser quelqu'un qui soit réceptif à l'art de nos jours que je serais curieux d'en apprendre plus sur vous.

------Les pensées volages d'Azphel qui se perdaient depuis le début de son après midi dans les secrets de la galaxie, avaient été maintenant remplacées par l'envie de rester avec Madison, de la découvrir et de voir si le hasard faisait qu'ils avaient d'autres choses en commun. La jeune femme aux cheveux verts était de plaisante compagnie finalement, sous bien des aspects et Azphel se mit à penser qu'il avait eu là une chance incroyable de la rencontrer. Ses rêves en dehors de ses pensées maintenant, il voulait savourer l'arrivée de cet ange venu du ciel et passer un peu de temps - si toutefois elle le désirait - avec elle. Ca faisait pour lui suffisamment d'années passés sur Ondéron sans rencontrer de nouvelles personnes pour qu'il laisse passer cette chance en se désintéressant de Madison. Et puis peut-être que la vie leur montrerait que leurs deux histoires sont liées ? L'espace d'un instant, une image se dessina dans son esprit, un assemblage de ses rêves et de Madison. Il se vit dans le cockpit d'un vaisseau à ses côtés, perdu dans la grandeur océanique de la galaxie...

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Azphel était un rêveur, en ce bas monde, peu de personnes étaient vraiment comme lui, il fallait avouer aussi que vu l'état de la galaxie cela n'avait rien, les rêveurs étaient souvent mis à mal, voir des désillusions les rendaient plus terre à terre. Le poète ne connaissait que sa planète, c'était peut être pour ça qu'il avait été sauvegardé dans ses rêves de célébrité et de voyage. Parce qu'il était bien question de ça, qu'il puisse vivre de sa passion, la poésie...Il voulait changer de vie, et voir ce que celle-ci pourrait lui apporter de plus, au mieux, il vivrait de son art, au pire, et bien...Il ferait autre chose. En effet, rien n'était jamais sûr, il pouvait tout aussi bien réussir comme se ramasser, comme l'avait dit la belle Madison, c'était un art qui n'était plus aussi respecter qu'autrefois, et c'était bien dommage enfin de compte. Pour Azphel, vivre sans sa passion serait essayer de respirer sous l'eau, cela restait son oxygène, son soleil pour continuer à marcher sur les sentiers de la vie. De l'autre, si Azphel était doué de ses mots, il n'avait aucune idée comment composer pour aller à la découverte de la galaxie, sans doute pourrait il se renseigner, et donner vie à son projet, même si cela mettait un peu de temps à se mettre en forme. Au final, Azphel avait envie de découvrir l'espace, mais...Le destin venait de lui offrir une bien belle rencontre, quelqu'un qui semblait sur bien des points lui ressembler. D'ailleurs, il ne pouvait que s'en rendre compte en l'écoutant, oui elle venait de lui envoyer quelques mots, comme ça qui lui était venu suite à son beau poème. Madison, il connaissait enfin son nom, et finalement, il se sentait d'autant plus l'envie de rester ici, avec elle. La dame de la nature posa son regard sur Azphel, elle semblait observer ses traits de son regard émeraude, cela pouvait paraître un peu dérangeant mais finalement elle coupa le silence pour lui répondre.

- Le plaisir reste partagé...J'accepte, mais je ne resterais pas longtemps.

Peut être avait elle à faire ou c'était autre chose, il y avait eu un brin de tristesse dans son ton pour les derniers mots. C'était peut être plus par obligation, dans tous les cas, elle acceptait de venir, c'était déjà ça, à Azphel de choisir là où il désirait l'emmener, dans tous les cas, elle suivait! A partir de ce moment, Azphel n'avait plus qu'une envie, rester auprès de Madison, et de la découvrir, c'était à ses yeux ce qui était devenu le plus important sur l'instant. Madison était en train de se lever, coupant court aux pensées d'Azphel, peut être que ce qu'il avait vu, lui avait été envoyé. Au fond, malgré la grandeur de la galaxie, on disait souvent, que le monde restait petit. La jeune femme aux cheveux verts avait déjà ranger ses affaires, elle observait le poète qui était resté planter là, rêveur.

------Madison était là, bien vivante devant lui, alors que maintenant, la galaxie et tout le reste pouvaient attendre ; seul comptait le moment présent. Les rêves avaient quitté Azphel, avec autant de rapidité que lorsqu'ils s'étaient incrustés dans son esprit. D'ordinaire sa tête était tournée vers les étoiles, vers les confins de l'espace, mais là, aujourd'hui, le destin semblait avoir prévu autre chose pour lui ; une rencontre aussi fortuite qu'intéressante. Sa volonté de rester avec la femme supplantait tout le reste, même la poésie à laquelle il accordait beaucoup de valeur en devenait presque insignifiante...
Attiré par Madison ?... En toute objectivité, il n'aurait pas pu dire s'il l'était. Elle était vraiment charmante c'était certain, douce et agréable de prime abord ; mais les relations stables avaient presque été bannies de la vie d'Azphel et Madison ne semblait pas du tout être le genre de personne à s'aventurer pour une affaire de quelques jours... Peut-être aussi qu'il se cachait son attirance pour elle ou qu'il la refoulait inconsciemment. L'évidence même des charmes qu'avait Madison ne laissaient pas pour autant l'unique possibilité qu'il soit attiré physiquement par elle... bien que ce ne soit pas impossible du tout, alors que c'était surtout le côté artistique de la jeune femme qui l'avait dans un premier temps attiré.

Madison lui répondit avec un plaisir certain après l'avoir scruté de ses yeux émeraudes pendant de longues secondes. Elle accepta bien volontiers son invitation à passer un peu de temps avec lui, bien que de temps, elle n'était pas certaine d'en avoir beaucoup à lui consacrer. Il s'interrogea sur l'emploi du temps, justement, de l'ange vert. Elle paraissait avoir suffisamment de moments libres pour se consacrer à ses passions, ne vendait pas ses œuvres pour autant... peut-être avait-elle un travail en ville finalement, puisqu'elle l'avait évoquée ?

------Plongé dans ses pensées il y resta immergé pendant de longs instants. Une pointe de tristesse avait marquée la réponse de Madison, comme si elle aurait aimé pouvoir lui accorder plus de temps, ou alors c'était seulement l'imagination d'Azphel qui lui jouait des tours... Il sortit de son monde, de ses idées qui se chevauchaient et s'entremêlaient les unes aux autres quand il constata que la femme aux cheveux verts avait déjà rassemblé ses affaires et n'attendait plus que lui. L'après-midi de rêveur et penseur introverti allait peu-à-peu se changer en une sorte de rendez-vous.. plutôt bizarre il fallait l'avouer, vu les circonstances et le pur hasard qui avait créé cette rencontre. Ou, une fois encore il se trompait et le hasard n'y était pour rien dans leur rencontre...
L'idée était aussi plaisante qu'invérifiable et il se coupa de ses rêveries fantasques pour mieux se concentrer sur Madison et sur quoi ils occuperaient le temps que l'après-midi leur consacrerait. Se promener dans les plaines... il y avait bien pensé, mais visiblement les deux jeunes gens étaient déjà habitués à ça... La ville, il n'y avait jamais accordé une grande importance, hormis pour y présenter ses œuvres, lui préférant le calme des bois. Mais il avait énormément à y découvrir et si Madison la connaissait, il en apprendrait peut-être plus sur elle et ses origines là-bas... Se tournant vers le doux visage de la jeune femme, il lui proposa:

- Que diriez-vous de prendre le chemin inverse et de retourner vers la naissance des plaines ? Si vous avez le temps nécessaire et l'envie, je me plairais beaucoup à faire un tour en ville avec vous. Pourquoi pas discuter de la pluie et du beau temps autour d'un verre dans une cantina ?

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